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Julie Everaert

Robots fabuleux, réactiver des branches de l’évolution en hybridant fossiles et soft robotic.

 

Comment une pratique artistique de recherche avec de nouvelles technologies permet-elle d’inventer de nouveaux récits et objets de fiction en redonnant une tridimensionnalité et un comportement à des formes de vies oubliées pour réactiver des branches de l’évolution ?

Notre présent est machinique, comment penser nos liens d’interaction ou de co-opération entre Vivant et Machines ? Quelles fictions nous permettraient d’imaginer des futurs partagés Humains, Vivants et Entités électromécaniques ? Dans une forme de saudade, ce projet explore la délicieuse nostalgie non de futurs non encore révolus, mais de présents désirables potentiels si l’hybridation vivant machine avait eu lieu dans le passé et provoqué ainsi l’apparition de nouvelles branches d’un vivant devenu Machine, un nouveau règne celui des Robot fabuleux très différente d’une future espèce cyborg. Pour cela le projet propose de reprendre, dans le grand arbre de l’évolution une branche primitive d’espèces aquatiques, les vendobiontes dont les représentants actuels, les cténophores sont merveilleux. En moulant le fossile et en formulant de simples hypothèses de connectivité structurelle entre les cavités imprimées dans la roche, des formes nouvelles animées apparaissent en gonflant plus ou moins le réseau ainsi créé comme si une branche ancienne de l’évolution était soudainement réactivée en hybridant fossiles et robotique molle. Comment cette recherche à la fois artistique et scientifique permet-elle d’inventer de nouvelles mythologies et de nouvelles technologies et ainsi réinvestir nos liens d’interdépendance heureuse avec le vivant et les machines ?

 

Ce projet de recherche-création utilise des matériaux à comportement. Il s’appuie sur des travaux scientifiques avec les baromorphes1 et il implique une collaboration avec ces équipes et le jeune chercheur Etienne Jambon-Puillet au LadHyX. Les baromorphes constituent des structures gonflables dont les déformations sont programmées par des variations des propriétés élastiques des parois, qui sont plus ou moins épaisses et plus ou moins rigides ou élastiques. Ainsi sous l’effet de la pression interne (gonflage), ces objets passent d’une forme à une autre, produisant des mouvements parfois de grande ampleur ou des forces qui peuvent être colossales. Le vivant, les plantes en particulier, utilisent le gonflement différentiel pour créer des formes en mouvement, à l’échelle d’une cellule (turgescence pilotée par la pression osmotique) ou d’un tissu. Les élastomères pneumatiques à transformation de forme s’inspirent ainsi des structures biologiques des plantes pour se tenir ou mouvoir. Cela leur donne des capacités préprogrammées d’adaptation ou de réponse avec des mouvements continus, sans parties rigides reliées par des articulations. Au cours de leurs croissances, les plantes montrent une grande plasticité morphologique pour répondre à leur environnement, alors qu’elles sont enracinées. Contrairement à nous qui contractons nos muscles pour faire pivoter nos os autour de nos articulations, les plantes passent d’une forme à une autre forme par déformation continue, souvent via la croissance de nouveaux tissus. Ces mécanismes sont partagés par la majorité des formes de vie dépourvues de squelette comme dans le règne animal des cténophores et des méduses par exemple. Leurs formes et principes de mouvement pourraient inspirer une nouvelle forme de robot mou biomimétique. Cette recherche plus technologique fait partie intégrante du projet de thèse.