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Impressio - Perform Lab
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Impressio

Jean-Marc, Julien, Mathilde, Caroline, Aurélie, Tania, Anthonin Avec l’aide de Patrick et Alain
et la contribution vocale de Maé et Corentin.

 

La chaleur de ma main rejoint le fond cosmique, et la lumière du sol projette mon ombre sur le ciel. La Terre s’est formée il y a de cela 4,55 milliards d’années , elle se refroidit juste un peu moins vite que le Soleil, qui s’est allumé seulement 0,060 milliards d’années auparavant. Depuis, le vivant laisse son empreinte dans la roche, modifiant les grands champs telluriques, tourbillons en fusion, ronde de fer liquide au centre de la Terre. La pression de nos pieds, l’écho infini de nos voix, le cher arbre de mon enfance, impriment leurs empreintes sur notre sol commun. Dans l’impression d’eau colorée de l’estampe, l’empreinte du bois sur la feuille, dans la double spirale, nos ancêtres météores. ATGT, CAGG, « répétez ! » dit l’Arabette des dames pour arriver à voir le rouge lointain.

Pourrez-vous ressentir nos corps infrarouges ?

 

Impressio est l’exposition collective produite par le Lab 2 • Devenir plante : Voir par le corps lors de l’école d’été Useful Fictions •2.

« Instabilité absolue, avons-nous atteint le point d’inflexion ? », déclame de façon répétitive la voix enregistrée d’une enfant dans l’espace sonore de l’installation Impressio, alors que d’autres voix récitent un poème sur l’empreinte, une main noire de suie sur le mur, un pied nu dans la boue, un objet touché sur lequel reste le labyrinthe de nos doigts, une trace d’eau enroulé où l’ADN singularise chaque être vivant depuis le premier Âge. Trois autres narrateurs scandent ATG, TCA, GGC, TCT…, la séquence du génome de l’arabette des dames qui code la possibilité pour la plante de percevoir le rayonnement rouge lointain. Ce code est écrit sur le monolithe noir au centre de la salle, à la fois tableau d’écolier et évocation de l’intelligence par une forme devenue symbole grâce au film de Kubrick L’Odyssée de l’Espace. À droite, huit monolithes identiques dessinent un rectangle, et des rayons infrarouges, qui filtrent entre les stèles, décodent la même séquence. Sur la gauche, des plantes sont mises en culture sous une lumière dont le spectre ne comporte pas de rouge. Leur croissance au fur et à mesure de l’exposition résulte de l’expression du gène de capture du rouge lointain. Cette installation est le rendu visible de la recherche collective du Lab 2, Devenir plante : voir par le corps (architecture infrarouge).

Il faut noter que ce projet de recherche-création avait débuté un an auparavant après ma visite à l’Institut Pprime18 pour lancer une collaboration, avec le travail de trois groupes d’étudiant.e.s de l’Université de Poitiers et de leurs enseignants-chercheurs. Lors de l’atelier d’été, il a embarqué six jeunes professionnels artistes ou scientifiques, l’un des chercheurs-enseignants, l’équipe du Lieu Multiple, et moi. L’exposition a été ouverte au public pendant la semaine suivant l’atelier, avant d’être présentée à l’Institut Pprime pour la Fête de la Science et de se prolonger par un projet à l’École polytechnique.

Vues de l’installation collective Impressio proposée par le laboratoire de création, #2. Devenir plante : voir par le corps (architecture infrarouge), de l’atelier d’été Useful Fictions coorganisé par la chaire arts & sciences au Lieu Multiple à Poitiers, en Juillet 2021.

 

 

EMPREINTE [Texte collectif]

Rhizome. Réserve. Approvisionné le Garde-manger. Végétaux. Racines.
Ne pas prendre racines, Vivre de l’air du temps. Se développer, croissance hors de l’axe des réels. Suis-je en retard,
Puiser l’ombre, au fond du puit.
Si j’allais traverser complètement la terre ?
Sol. Sol, Eau.
Sels, sels, sels, minéraux. Sève.
Trajet, Si j’allais traverser complètement la terre ? ce serait drôle La tête en bas Je sèmerais le ciel
Je serais sève et circulerais dans la plante, jusqu’au bout des feuilles_ Le vent Goûterait la sève au bout de mes lèvres, S’enrichirai d’oxygène. J’enracinerais alors les nuages
Je capterais les invisibles carbone gaz dioxyde lumière. Lumière, première indispensable.
Synthétiser des sucres et revenir vers les racines, synthétiser la nuit, le bruit de la source souterraine. La sève circule dans la plante. Dans mon corps
Vivre, laisser mon empreinte dans l’air dans le sol dans la lumière. Grandir, ne jamais grandir, effacer toute trace grande toile araignée.
Le chaume a terminé sa croissance, accepter le soleil. J’ai terminé. Non le Temps se tient – Rythme circadien – ronde des Galaxies – stocker des sucres dans le rhizome. Instantané. Ces réserves permettent en automne au rhizome de grandir et au prin-temps au jeunes pousses de sortir de terre. J’ai éclos.
Comment imaginer et rendre compte de la vision des végétaux, autrement dit comment sentir et ne plus utiliser la vue ? Ou comment percevoir avec les yeux et retranscrire dans un autre sens ? ou alors est-ce le contraire et percevoir l’invisible sans les yeux et retranscrire dans un autre principe paysage sans l’image inversée du monde que nous impressionné sur ma rétine. Se concentrer sur un « spectre de la lumière ». L’infrarouge, l’autre monde invisible celui des souvenir ou celui des vivant, celui de la chaleur de ton regard ou la douceur de tes feuilles.
Infrarouge ? Comment nous représenter en infrarouge ? Nous sommes tous brillant et lumineux.
Nous émettons de la lumière. Nous percevons tout être vivant comme un corps éclairant son environnement de lumière lointaine invisible.
La chaleur émise est une nouvelle couleur comparable aux autres couleurs que nous connaissons, les couleurs remplissent l’espace entre les deux arches de l’arc en ciel.
Processus. Observation physico-chimique des végétaux.
Voir l’invisible. Sentir la chaleur. Spectre électromagnétique. Infime partie accessible à nos sens. Domaine du visible.
Regarde autour de toi, tout autour de toi. Avec attention, avec précision. Ça y est ? Maintenant, vois l’invisible. Vois l’intérieur, la fabrication et le moteur, les insectes, le matériel, la bactérie, la composition, l’énergie. Vois au travers. Traverse. Déchire.
Alors, exorciser la mort ; l’invoquer malgré tout, malgré nous. Évoquer l’ombre qui plane, qui glane et referme, sans tristesse ni maladresse. Empreinte fossilisée des géants et des monstres, tarasque, Hippogriffe, Catoblépas, Coquecigrue, Paléoichnologie.
Puis commencer la mutation, germer, tisser le lien fertile, enraciner, et décider d’apprivoiser les géants. Pression sur une surface, impression de la surface, écriture mécanique sur la page répétée
Dans la chambre rouge, lentement la foret apparaît sur le papier sensible trempé dans le révélateur, quelque seconde encore et l’image se fondra dans le noir.
Empreinte sur la terre. Semer les graines des possibles désirables. Semer des mouvements. Quelle sera la trace de nos mains, notre futur est à choisir, à construire dès maintenant.
Prendre conscience de nos traces, de notre empreinte, de nos empreintes. Les traces du passé sont aussi celles de l’avenir. L’équilibre est en question, en devenir. Nous marquons la terre, nous marquons notre Terre. Elle se modèle, se pétrit, se sculpte, se forme et se déforme. Dans un mouvement de recul, de repli, s’absentera-elle ? Que va devenir l’équilibre ?
Instabilité absolue.
Avons-nous rejoint le point d’inflexion, pourrons-nous nous y arrêter, nous poser, observer. Nous empruntons le chemin, nous y laisserons une trace matérielle, tangible, ou sensible.
Entre positif et négatif. Dialectique du contact et de l’absence, de l’impression et de la sensation. Mains positive ou négative, l’empreinte comme « forme et contreforme », comme contact en négatif. Nous sommes à la fois notre empreinte thermique, écologique et génétique,
Sentons-nous aujourd’hui la trace que nous aurons laissée demain ?
Dans la nuit, ressentons la présence de l’autre sans le toucher. Sans la voir, nous sentons son émotion, son empreinte dans l’air. Notre peau remplace nos yeux.
Il est invisible mais nous le voyons, nous faut-il des phytochromes sur la peau ?
Le déclenchement. L’ADN nous donne le signal : ATGC GTCA….
Dans quel spectre le recevoir, visible, rationnel, sensible. Pouvons-nous le toucher, être touché dans la nuit ?
Ensemble, pouvons-nous nous décentrer suffisamment pour percevoir le monde par notre peau ? Changeons de capteur, changeons de récepteurs.
Fermer les yeux et sentir à nouveau, la nuit, le noir, la trace du jour, la chaleur accumulée par la terre. Toucher et être touché par l’autre, se décentrer pour mieux percevoir le monde.
Les possibles sont devant. Comment s’orienter ? Quel capteur utiliser ?

Séquence (ATGC) codant le gène photorécepteur du rouge lointain de la plante Arabidopsis thaliana

« Photorécepteur cytoplasmique photorécepteur de lumière rouge/rouge lointain labile impliqué dans la régulation de la photomorphogenèse. Il existe sous deux formes inter-convertibles : Pr et Pfr (actif) et fonctionne comme un dimère. L’extrémité N porte un seul chromophore tétrapyrrole, et l’extrémité C est impliquée dans la dimérisation. C’est le seul photorécepteur médiateur de la réponse à haute irradiance FR (HIR). Régulateur majeur dans l’induction de la lumière rouge du rehaussement phototropique. Impliqué dans la régulation de la dé-étiolation. Impliqué dans le gravitropisme et le phototropisme. Nécessite FHY1 pour l’accumulation nucléaire. »
Base de données du génome de l’arabette des dame, https://www.ncbi.nlm.nih.gov/nuccore/ NM_100828.4

ATGTCAGGCT CTAGGCCGAC TCAGTCCTCT GAGGGCTCAA GGCGATCAAG GCACAGCGCT AGGATCATTG CGCAGACCAC TGTAGATGCG AAACTCCATG CTGATTTTGA GGAGTCAGGC AGCTCCTTTG ATTACTCAAC CTCAGTGCGT GTCACTGGCC CGGTTGTGGA GAATCAGCCA CCAAGGTCTG ACAAAGTTAC CACGACTTAT CTGCATCATA TACAGAAGGG AAAGCTGATT CAGCCCTTCG GTTGTTTACT TGCCTTGGAT GAGAAGACCT TCAAAGTTAT TGCATACAGC GAGAATGCAT CTGAGCTGTT GACAATGGCC AGTCATGCAG TTCCTAGTGT TGGCGAACAC CCTGTTCTAG GCATTGGGAC AGATATAAGG AGTCTTTTCA CTGCTCCTAG TGCGTCTGCA TTGCAGAAAG CCCTTGGATT TGGAGATGTC TCTCTTTTGA ATCCCATTCT TGTGCACTGC AGGACTTCTG CAAAGCCCTT TTATGCGATT ATCCACAGGG TTACAGGGAG CATCATCATC GACTTTGAAC CCGTGAAGCC TTATGAAGTC CCCATGACAG CTGCTGGTGC CTTACAATCA TACAAGCTCG CTGCCAAAGC AATCACTAGG CTGCAATCTT TACCCAGCGG GAGTATGGAA AGGCTTTGTG ATACAATGGT TCAAGAGGTT TTTGAACTCA CGGGGTATGA CAGGGTGATG GCTTATAAGT TTCATGAAGA TGATCACGGT GAGGTTGTCT CCGAGGTTAC AAAACCTGGG CTGGAGCCTT ATCTTGGGCT GCATTATCCT GCCACCGACA TCCCTCAAGC AGCCCGTTTT CTGTTTATGA AGAACAAGGT CCGGATGATA GTTGATTGCA ATGCAAAACA TGCTAGGGTG CTTCAAGATG AAAAGCTTTC CTTTGACCTT ACCTTGTGTG GCTCCACCCT TAGAGCACCG CACAGCTGCC ATTTGCAGTA CATGGCCAAC ATGGATTCAA TTGCATCTCT GGTTATGGCG GTTGTAGTTA ACGAGGAAGA TGGAGAAGGG GATGCTCCTG ATGCTACTAC ACAGCCTCAA AAGAGAAAGA GACTATGGGG TTTAGTGGTT TGTCACAATA CGACTCCGAG GTTTGTTCCA TTTCCTCTCA GGTATGCCTG TGAGTTTCTA GCTCAAGTGT TTGCCATACA CGTCAATAAG GAGGTGGAAC TCGATAACCA GATGGTGGAG AAGAACATTT TGCGCACGCA GACACTCTTG TGCGATATGC TGATGCGTGA TGCTCCACTG GGTATTGTGT CGCAAAGCCC CAACATAATG GACCTTGTGA AATGTGATGG AGCAGCTCTC TTGTATAAAG ACAAGATATG GAAACTGGGA ACAACTCCAA GTGAGTTCCA CCTGCAGGAG ATAGCTTCAT GGTTGTGTGA ATACCACATG GATTCAACGG GTTTGAGCAC TGATAGTTTG CATGACGCCG GGTTTCCTAG GGCTCTATCT CTCGGGGATT CGGTATGTGG GATGGCAGCT GTGAGGATAT CATCGAAAGA CATGATTTTC TGGTTCCGTT CTCATACCGC TGGTGAAGTG AGATGGGGAG GTGCGAAGCA TGATCCAGAT GATAGGGATG ATGCAAGGAG AATGCACCCA AGGTCATCGT TCAAGGCTTT CCTTGAAGTG GTCAAGACAA GGAGTTTACC TTGGAAGGAC TATGAGATGG ATGCCATACA CTCCTTGCAA CTTATTTTGA GGAATGCTTT CAAGGATAGT GAAACTACTG ATGTGAATAC AAAGGTCATT TACTCGAAGC TAAATGATCT CAAAATTGAT GGTATACAAG AACTAGAAGC TGTGACCAGT GAGATGGTTC GTTTAATTGA GACTGCTACG GTGCCAATAT TGGCGGTTGA TTCTGATGGA CTGGTTAATG GTTGGAACAC GAAAATTGCT GAGCTGACTG GTCTTTCGGT TGATGAAGCA ATCGGGAAGC ATTTCCTCAC ACTTGTTGAA GATTCTTCAG TGGAAATCGT TAAAAGGATG CTAGAGAACG CATTAGAAGG AACTGAGGAG CAGAATGTCC AGTTTGAGAT CAAGACACAT CTGTCCAGGG CTGATGCTGG GCCAATAAGT TTAGTTGTAA ATGCATGCGC AAGTAGAGAT CTCCATGAAA ACGTGGTTGG GGTGTGTTTT GTAGCCCATG ATCTTACTGG CCAGAAGACT GTGATGGACA AGTTTACGCG GATTGAAGGT GATTACAAGG CAATCATCCA AAATCCAAAC CCGCTGATCC CGCCAATATT TGGTACCGAT GAGTTTGGAT GGTGCACAGA GTGGAATCCA GCAATGTCAA AGTTAACCGG TTTGAAGCGA GAGGAAGTGA TTGACAAAAT GCTCTTAGGA GAAGTATTTG GGACGCAGAA GTCATGTTGT CGTCTAAAGA ATCAAGAAGC CTTTGTAAAC CTTGGGATTG TGCTGAACAA TGCTGTGACC AGTCAAGATC CAGAGAAAGT ATCGTTTGCT TTCTTTACAA GAGGTGGCAA GTATGTGGAG TGTCTGTTGT GTGTGAGTAA GAAACTGGAC AGGGAAGGTG TAGTGACAGG TGTCTTCTGT TTCCTGCAAC TTGCCAGCCA TGAGCTGCAG CAAGCGCTCC ATGTTCAACG TTTAGCTGAG CGAACCGCAG TGAAGAGACT AAAGGCTCTA GCATACATAA AAAGACAGAT CAGGAATCCG CTATCTGGGA TCATGTTTAC AAGGAAAATG ATAGAGGGTA CTGAATTAGG ACCAGAGCAA AGACGGATTT TGCAAACTAG CGCGTTATGT CAGAAGCAAC TAAGCAAGAT CCTCGATGAT TCGGATCTTG AAAGCATCAT TGAAGGATGC TTGGATTTGG AAATGAAAGA ATTCACCTTA AATGAAGTGT TGACTGCTTC CACAAGTCAA GTAATGATGA AGAGTAACGG AAAGAGTGTT CGGATAACAA ATGAGACCGG AGAAGAAGTA ATGTCTGACA CTTTGTATGG AGACAGTATT AGGCTTCAAC AAGTCTTGGC AGATTTCATG